FIGURES DU PÈRE

ÉTUDE ASTROPSYCHOLOGIQUE

4ème de couverture

La mythologie met en scène la figure du Père en la déclinant sous la forme de multiples contrastes. Il y a des figures prédatrices comme celle de Cronos qui avale ses enfants ou celle de Laïos qui voulait faire disparaître Œdipe. À l’opposé de ces pères qui voient le fils comme un rival, il y a ceux qui consentent à leur propre dépassement : le vieux Läerte, qui a transmis à Ulysse la couronne d’Ithaque, ou le noble Priam, qui a laissé la protection de Troie dans les mains d’Hector.

S’agissant des relations père-fille, les contrastes ne sont pas moindres. Agamemnon sacrifie Iphigénie sur l’autel des ambitions paternelles et Œdipe s’accroche à Antigone comme à un bâton de vieillesse. De son côté, Zeus présente un tout autre visage. Il écoute les vœux de sa petite Artémis et il soutient leur réalisation. Il intervient, à un moment donné, pour que Coré ne reste pas aliénée à Déméter et qu’elle puisse se révéler au titre de Perséphone.

L’auteur étudie les récits mythologiques qui donnent à voir la figure du Père, avant d’établir pour chacun d’eux des correspondances astrologiques qu’il analyse ensuite dans une trentaine de thèmes de naissance.

Acheter

introduction

Avant d’aborder de manière plus spécifique les enjeux propres au rapport père-fils et à la relation père-fille, nous allons introduire la question du Père en reprenant certains éléments d’un article de Raphaëlle Noël et Francine Cyr paru en 2009 dans La psychiatrie de l’enfant[1]. À cette occasion, les deux psychanalystes rappelaient qu’il y a eu, de Freud à nos jours, tout un éventail de discours selon que l’on évoque le père comme concept fondamental de la psychanalyse, la fonction du père dans une dimension familiale et pédagogique ou bien le père comme personne réelle.

Ce que l’on dit du père et ce qu’il représente évolue au cours de l’histoire. Il en va de même, s’agissant des théories psycho-logiques et psychanalytiques qui en rendent compte : la façon de concevoir le père et ses fonctions se transforme au gré des mutations sociales. Ces dernières décennies, ces changements se sont avérés considérables. La paternité traditionnelle a été remise en question. Elle n’est plus soutenue comme avant par l’institution sociale et elle doit se définir autrement.

Le père n’est plus ce pater familias solidement reconnu et défini par la société qui lui conférait d’emblée un pouvoir familial. Aujourd’hui, l’homme se définit comme père, non pas en référence au social, mais dans son rapport à la femme devenue mère et dans son lien avec l’enfant. De manière générale, ce sont les liens familiaux, plutôt que la société, qui définissent le père. C’est pourquoi l’on parle désormais de “paternité relationnelle”. Il s’agit là d’une véritable révolution qui laisse les hommes face à la nécessité de définir leurs propres repères. Autrefois, il y avait un modèle paternel prévalent. Être père aujourd’hui, c’est trouver plutôt son propre modèle.

Au-delà de la paternité, c’est l’identité masculine qui est aussi en question. Pendant que l’indépendance et la conscience de soi se sont renforcées chez les femmes, les hommes voient leurs repères identitaires remis en cause. D’un point de vue astro-logique, la conjonction en Capricorne de 1989 entre Saturne, Uranus et Neptune n’est certainement pas étrangère à ce tournant culturel. Introduisant son étude intitulée L’identité masculine en question, Anselm Grün y faisait écho.

Les hommes n’étaient-ils que des patriarches, cramponnés à la tradition ? Des machos, décriés par les femmes ? Ou encore ces “softies”, ces hommes trop doux pour être crédibles ? Est-il possible de les aider à se réapproprier leur véritable identité[2] ?

À l’époque du pater familias où le père était institué par la société, on considérait qu’il intervenait tardivement à l’égard de l’enfant en exerçant une fonction d’autorité, par opposition à la mère présente d’emblée et située du côté des soins, de la protection et de la sollicitude.

Les psychanalystes contemporains de Freud et ceux de la génération suivante ont peu remis en question cette façon de voir le père, d’autant plus qu’elle s’articulait parfaitement à la représentation sociale et familiale du père de l’époque. On peut dire que cette vision d’un père patriarche et extérieur au duo mère/enfant de la petite enfance a été centrale pendant les deux tiers du vingtième siècle[3].

Ensuite, à l’époque du père défini à travers son rapport avec la femme devenue mère et son lien avec l’enfant, on souligne l’implication progressive du père dans le développement de sa progéniture. Avec l’apparition de ce que l’on a appelé les “nouveaux pères”, on s’est mis à théoriser sur la capacité de ceux-ci à exercer des fonctions dites plus maternelles et à décrire un attachement paternel spécifique.

Pour les personnes de ma génération, le modèle du père était encore le plus souvent celui du pater familias qui détenait la puissance parentale. Au cours des dernières décennies, le statut de l’enfant a énormément changé. La prise en compte de ses droits a introduit l’ère de l’enfant sujet. Son bien-être se place au centre des préoccupations, mais il peut être aussi investi comme un moyen d’accomplissement personnel pour le parent. Avec la mutation du statut de l’enfant, c’est aussi celui du père qui a changé et qui n’a pas fini de devoir se réinventer.


[1] Raphaëlle NOËL & Francine CYR, Le père : entre la parole de la mère et la réalité du lien à l’enfant, La psychiatrie de l’enfant, vol. 52, n° 2.

[2] Anselm GRÜN, L’identité masculine en question, Mediaspaul.

[3] Anselm GRÜN, L’identité masculine en question, op. cit.

Suivant
Suivant

Chiron, Le Noble Centaure